Un psychologue, pour quoi faire ?
Levée d’une idée reçue
Tout d’abord, j’introduis une parenthèse, pour faire tomber une idée reçue :
Aller voir un psychologue a peu de choses à voir avec le fait d’être « fou ». Ce serait réduire de manière grotesque la dimension de l’esprit, l’importance de la pensée humaine. Cela n’a rien à voir la folie. En tout cas, la folie telle que je l’appréhende et l’interroge dans les champs qui peuvent être les miens, à savoir psychiatriques, psychologiques, sociologiques et philosophiques. Certains pensent en outre que le fou est celui qui serait adapté à un monde qui va mal, sans se poser de questions. Je vous renvoie ici aux lecture de Foucault (1961), et Nietzsche par exemple.
Une rencontre, des thérapies
Cette parenthèse terminée, J’apporterais ici quelques réflexions pour tenter de répondre brièvement à cette question tout à fait honorable, mais complexe car elle ouvre sur un panel de réflexions.
Pour ma part, à chaque fois que je rencontre un⸱e patient⸱e, il n’y a pas une situation qui se ressemble, ni une demande qui est identique à une autre.
Cela peut paraître détourné de dire cela, alors j’ajouterais que toutefois, voir un psychologue c’est se diriger inévitablement vers un travail de soin, psychothérapeutique. (Lien).
Soigner ses blessures
Ainsi, chez les patients que je rencontre, le contexte de leur venue peut être similaire (deuil, échec scolaire, séparation, souffrance au travail, etc.), mais la manière d’y réagir opère en une configuration unique, et il s’agit d’accueillir et d’accompagner cette configuration unique.
De ce fait, le travail thérapeutique avec le psychologue peut être de reconnaître que ses blessures, ses émotions, viennent entraver son bien-être.
La psychothérapie (le travail thérapeutique) suppose alors la mise en place d’un cadre précis, avec parfois des étapes. Le psychologue est garant de ce cadre, un cadre qui offre un espace neutre et extérieur à l’entourage ; un cadre qui invite à identifier certains mécanismes psychiques, etc.. le psychologue accompagne donc vers un travail d’élaboration de la souffrance, du mal être ressenti, pour viser un soulagement, un mieux être.
Une quête de connaissance de soi
D’autre part, des personnes démarrent une psychothérapie avec un psychologue pour tenter de répondre à des questions personnelles, intérieures, intimes. Cela à trait à une quête de connaissance de soi, à entreprendre un travail de reconnaissance de son rapport à soi-même, et au monde.
Il ne s’agit pas seulement de soulager une souffrance, mais aussi de dénouer avec des illusions, d’éclairer des réactions intérieures inconscientes, s’aventurer dans le creux du sillon qui fera par la suite chemin vers une meilleure compréhension de sa vie intérieure (sa réalité intérieure).
Une mise en sens de l’existence de soi
Par ailleurs, certains philosophes estiment que l’existence humaine est traversée par l’angoisse, la peur, la responsabilité et la liberté.
Alors, entreprendre une psychothérapie avec un psychologue ce peut être se confronter à ces conditions de l’existence. Être traversé de doutes, d’angoisses, nous pouvons toutes et tous le vivre dans notre vie. À travers la psychothérapie, le psychologue devient l’allié de ce travail de mise en sens de ce qui fait souffrance, et où il s’agit d’explorer un inconscient qui agit.
Vers quel psy se tourner ?
On peut trouver son psy. Mais on peut aussi le « choisir ».
Il existe en effet un « rapport psychothérapeutique », un rapport au thérapeute, sans quoi il est vain de penser à être soigné.
S’engager dans un rapport psychothérapeutique, c’est faire part de sa fragilité, d’une intimité, à un autre. Lorsque nous faisons la démarche de rencontrer un « psy », c’est que nous ressentons le besoin de nous appuyer sur un tiers, neutre, extérieur, pour évoquer et mettre en sens son vécu, sa souffrance psychique. On fait part de sa fragilité, d’une intimité à un autre.
Il s’agit donc de saisir une confiance, une sensibilité chez cet autre qui doit accueillir et accompagner avec sympathie et bienveillance.
Trouver son « psy », c’est donc surtout une affaire de contact – à comprendre ici comme « con-tact », signifiant un contre-tact, un rapport entre deux corps, un toucher…
